jeudi 31 mai 2018

Réforme de la voie professionnelle : Echos de RENASUP National

Le Ministre de l'Education Nationale, Jean-Michel Blanquer a exposé les principales mesures de la réforme de la voie Professionnelle, qu'il présente en cohérence et complémentarité avec sa réforme des voies Générale et Technologique.
On y retrouve l'essentiel de ce que prônait le rapport Calvez Marcon que nous avons présenté dans le Flash spécial du 22 février , il vient également en convergence avec la réforme de l'apprentissage telle que l'envisage le projet de loi porté par la Ministre du Travail, Muriel Pénicaud et que vous trouverez dans le flash spécial du 6 avril

Ces annonces ne font que renforcer notre démarche d'Etat Généraux de la Formation Professionnelle qui invite chacun, en lien avec les autres,  à réfléchir aux stratégies à engager au regard d'un environnement en mutations extrêmement rapides aux niveaux:
- structurels
-  de la politique gouvernementale
- de l'environnement économique social
- de la sociologie ambiante
Elles demandent que soient repensées notre offre de  formation,  la façon dont nous nous articulerons entre nous mais aussi avec les autres acteurs de le formation et du monde économique.
Des choix fondamentaux sont à poser maintenant à tous les niveaux, ils engageront l'avenir.
L'absence de mouvement porte en elle le déclin, nous ne pouvons nous y résoudre.


Yves Ruellan Président de RenaSup



Les principales mesures sur la voie Professionnelle portent sur :
(Code couleur : en bleu nos analyses)
  1. Création de Campus d’excellence :
Prenant le relais des campus des métiers et des qualifications, il s’agit de créer de véritables campus physiques donc visibles et attractifs car réunissant sur un même lieu autour d’un internat, d’équipements sportifs et culturels des établissements secondaires et supérieurs allant du CAP au Doctorat, des entreprises.
50 Millions seront mobilisés au titre du PIA3 pour en favoriser le déploiement à raison de 3 par an.
Ces campus seront mis en place à partir d’une coopération entre Académie, Région et Monde Economique.
Ces campus qui vont constituer de véritables pôles d’attractivité constituent un défi, nous demandant localement réflexion et prises de décisions stratégiques mais aussi méthodologie pour l’action.
La question sera notamment de savoir s’il convient :
- de rester en marge dans des logiques de niches,
- de succomber à la tentation de certains d’y aller seuls au risque d’être traités en sous-traitants au regard du poids qu’ils pèseront, de s’engager en réseau intra LP/LT/CFA/CFC,
- ou d’élargir le réseau grâce à d’autres alliances notamment avec des Grandes Ecoles et Instituts Catholiques pour se donner les moyens de peser sur la gouvernance et faire reconnaître la spécificité de notre projet.
 
Il est évident que cela ne pourra réussir sans un véritable pilotage et la création d’une interlocution dédiée afin d’exister devant le quatuor Académie-Universités-Régions-Branches Professionnelles.

Le défi est lancé, il ne laisse aucune place à l’immobilisme, on ne pourra pas dire que nous ne le savions pas !


    2.  Une révision des diplômes et de la carte des formations en lien avec les Régions et les  professions courant 2018/2019

Bons nombres de diplômes vont être rénovés pour mieux répondre aux évolutions technologiques, d’autres vont être fortement  transformés dans leurs contenus et objectifs afin de mieux répondre aux besoins du marché du travail. Pour les mêmes  raisons de  nouveaux diplômes vont être créés.
Par exemple, on parle de faire glisser SPVL vers les métiers de l’animation, le Bac Pro GA devrait mieux intégrer la place numérique et se teinter de colorations liées aux besoins  locaux.
Il est aussi question de réduire considérablement la voilure de certaines séries comme GA pour permettre la création de nouvelles plus en phase avec les attentes du monde du travail.
Un plan de formation des enseignants PLP ouvrant la possibilité d’enseigner en BTS devrait être déployé.

Il est fondamental dans ce cadre, de sortir des positions défensives de reconduction des formations d’une année sur l’autre, d’anticiper les changements, préparer les mutations et d’accompagner les personnels dans ces évolutions.
C’est bien la Première étape de la réflexion stratégique attendue dans la démarche des Etats Généraux.


  1. Des modalités de certification repensées :
a. Une simplification et une rénovation du CCF
 Il est vrai que dans certaines formations, on est en évaluation permanente au détriment de temps d’apprentissage
b. La mise en place d’épreuves générales et professionnelles en 1ère Pro permettant d’acquérir une certification intermédiaire qui pourrait ne plus être le  BEP

 c. La reconnaissance de blocs de compétences acquis même lorsque l’examen complet n’est pas obtenu.
La reconnaissance des Blocs de compétences existait déjà en Formation continue mais pas en formation initiale. Elle est importante car elle permet de passer un diplôme en plusieurs années et surtout parce que ces blocs de compétences permettent une reconnaissance au RNCP et donc dans les conventions collectives.

Plus globalement ces mesures visent à favoriser la formation tout au long de la vie comme la mixité des parcours voie scolaire et alternance.
 
  1. Une pédagogie plus ouverte sur l’innovation et l’accompagnement du jeune dans la construction de son parcours.
a. En amont :
La possibilité de stages de découvertes en entreprise dès la classe de 4ème
La disparition des DIMA et 3èmes Prépa-Pro au profit de classes Prépa-Métiers proposées en collège comme en LP et renforçant les temps de stages en entreprises.
Il s’agit également d’éclairer le jeune et sa famille en vue des choix de familles de métiers en Seconde Pro en le mettant en contact avec les entreprises et en l’informant sur la réalité de l’insertion et de la poursuite d’étude réussie sur les différentes filières de Bac Pro.
Les CFA ne sont pas cités mais il semble évident que l’efficacité de ces dispositifs demande une véritable action partenariale : Collège/LP /CFA.
Ces partenariats seraient l’occasion de dépasser le stade des visites de courtoisie pour améliorer la connaissance des formations professionnelles par le monde des collèges

 
b. Pendant le cursus
Au-delà du travail mené en 3ème pour son choix de famille de métiers l’élève devra bénéficier comme en LGT d’un accompagnement à l’orientation renforcé pour l’aider à choisir :
- sa spécialité de 1ère ,
- entre voie scolaire et apprentissage,
- entre module d’insertion et entrepreneuriat et module de poursuite d’études en Terminale Pro.

Une proposition de parcours mixant apprentissage et voie scolaire.
Dès la classe de Première le jeune pourra opter pour l’apprentissage grâce à une offre proposée par son LP. Ce choix, parce qu’in situ, sera réversible et correspond à la volonté de sécuriser le parcours du jeunes

Un certain nombre d’enseignements pourront être proposés en co-intervention par des enseignants des domaines professionnels et généraux, permettant à un jeune de mieux percevoir le sens de ses apprentissages.
C’était déjà la logique des PPCP créés par Jean-Luc Mélenchon ( !), pour lesquels on sait que le décloisonnement visé n’a pas toujours été couronné de succès.
C’est donc un objectif intéressant pour le pilotage de nos LP et notre politique de formation des enseignants.
Cela correspond également à ce qui est attendu par les entreprises en termes de mode projet en équipes.


Une place plus grande accordée au savoir-être et aux gestes professionnels.

La présentation en Terminale d’un chef d’œuvre démarré en 1ère  et comptant pour l’examen.

Des appels à projets sur des propositions innovantes concernant notamment des approches plus intégrées des enseignements généraux et professionnels seront lancés au cours des années à venir.
 

D’un point de vue plus organisationnel :
  1. La diversification des parcours du jeune :
A. En Baccalauréat Professionnel
a. Des secondes plus ouvertes parce que structurées en familles de métiers permettant de choisir sa spécialité Pro de Première, en connaissance de cause.
Il est vrai qu'en 3ème, on demande aux élèves les plus fragiles de choisir pour des spécialités de formation menant à des métiers dont ils n'ont aucune idée.
Il passera 4 à 6 semaines en entreprises au cours de l’année afin de l’aider à choisir sa spécialité de Première Pro.
Par ailleurs, le jeune  passera dès la rentrée 2018  des tests de positionnement en langue  française  et en  mathématiques comme en 2nde GT

b. La possibilité de choisir dès la Première ou en Terminale entre apprentissage et voie scolaire.
Cette possibilité va demander que nous nous organisions en réseau et en lien avec les CFA afin d'offrir les deux voies avec des effectifs acceptables. Que des évolutions réglementaires et des dispositifs de formation à la pédagogie de l'alternance soient engagées en direction de nos enseignants de LP.

c. La possibilité de mieux préparer la suite par un choix en Terminale professionnelle entre un module d'insertion professionnelle/entrepreneuriat et un module de poursuite d'études.
Il s’agit de faire de la voie professionnelle une voie valorisée aux regards des jeunes et de leurs familles.
Cela conforte la démarche Cordées BacPro/BTS que RenaSup mène avec la Fondation St Matthieu.
 

d. Création dès 2018 de classes passerelles post Bac-Pro en un an préparant le BTS mais également une certification à Bac+1.
Cela rejoint le travail engagé avec certains de nos partenaires pour permettre à nos structures d’offrir à des jeunes - dont l’insertion professionnelle post  Bac Pro est délicate mais ne souhaitant pas ou étant  trop fragiles à priori pour  entrer directement en BTS -, des propositions en un an leur permettant  renforcer leurs qualifications et éventuellement se préparer avec plus de chances de réussite.
La voie des titres RNCP est bien entendu à creuser. Nous privilégiions, jusque-là, la voie de l’alternance. Sans la perdre de vue, ces nouvelles dispositions devraient nous permettre d’envisager le mode contrat d’association.
 
B. Un CAP mieux adapté à la diversité des publics.

- 1 an pour des jeunes diplômés d’un Bac Gal/Techno/Pro avec des possibilités de double cursus
- 2 ans pour des jeunes en sortie de 3ème ayant un projet professionnel avec la possibilité de poursuivre en 1ère de Bac Pro
- 3 ans pour des jeunes ayant des besoins particuliers en termes de  rythmes
On sort des modèles standard ce qui demandera aux établissements une certaine agilité mais aussi un travail coopératif avec les CFA et CFC.

Bonne fête de Noël

Nous sommes au seuil deNoël. Chacun s’active pour  organiser, et je n'en doute pas,  pour se préparer intérieurement     à vivre ce temp...